Fonctionnement d’une station d’épuration

La station d’épuration de Rolle comprend trois «postes» principaux de traitement de l’eau: dégrillage/dessablage/déshuilage – décantation – filtration.

Au tout début du processus, les eaux usées des six communes membres l’AIER sont acheminées à l’intérieur de la STEP par deux longues vis d’Archimède, pouvant charrier chacune 350 m3 d’eau par heure. Elles subissent un premier filtre au travers du dégrilleur, qui retient les plus gros déchets, acheminés vers une benne ad hoc (à noter que c’est aux heures des repas que les déchets les plus étonnants se présentent…). Les remous d’un premier bassin de dessablage/déshuilage permettent d’éliminer une bonne partie des graisses et des matières minérales, avant une nouvelle filtration au travers d’un tamis plus fin.

Deux mélangeurs y adjoignent ensuite de la chlorure de fer et un polymère ; la première sert à éliminer les phosphates, qui agissent comme un engrais sur certaines plantes du lac très voraces en oxygène et donc nuisibles à la faune. Le second accélère la décantation des matières encore en suspension dans l’eau.
Elle rejoint alors, à l’air libre sur le toit du bâtiment, deux bassins de décantation lamellaire: des plaques de plastique qui y sont disposées en biais augmentent la surface de sédimentation, et le fond des cuves est régulièrement raclé pour en éliminer les résidus.

A ce stade, on obtient environ 70% de rendement. La prochaine étape est un passage par cinq bio-filtres contenant chacun huitante tonnes de granulés, à base d’argile expansée, qui vont agir comme des «éponges» sur les bactéries présentes dans l’eau. Elle peut alors être rejetée au lac; une partie en sera conservée pour le nettoyage des bio-filtres.

Les installations les plus grandes et les plus visibles de la station?

Ce sont les deux digesteurs: ces grands silos cylindriques fonctionnent comme un estomac humain. Le digesteur «primaire» chauffe les boues à 37° pendant une quarantaine de jours pour réduire leur volume en décomposant les matières organiques et les convertir en gaz. Récupéré par la grande cloche du second digesteur, ce gaz va alimenter le chauffage du premier, et permettre de produire 250’000 KW par an, soit le quart des besoins de la station.
Les boues digérées passent enfin dans une presse qui va les déshydrater. Elles en sortent sous la forme d’un minerai noir sablonneux promis à l’incinération. Il faut quatre jours pour remplir une benne de 22 tonnes. La station en produit entre 600 et 700 tonnes par année.

La problématique des vendanges

Dans notre région, les vendanges posent un problème particulier à la station: si les vignerons amènent eux-mêmes les bourbes éliminées lors de la vinification (qui passent directement dans le «digesteur» sans emprunter tout le circuit des eaux usées), le nettoyage des cuves et pressoir achemine vers la STEP d’amples quantités d’eau très sucrée. Or le sucre exige beaucoup d’oxygène pour être dégradé, ce qui implique une forte demande énergétique. En outre, la force du flux d’oxygène nécessaire pourrait contrarier le circuit normal de l’eau à travers la station.
Pour le confort des employés et des riverains, l’air des bâtiments est assaini en permanence. Un système de pompe permet d’en traiter 13’000 m3 par heure, les faisant passer successivement par trois «douches» de solutions oxydantes puis acides.
(encart paru dans La Côte du vendredi 23 mai 2014)